La croyance générale par rapport à la flexibilité est que plus on s’étire, plus on devient flexible. Par contre, de plus en plus de recherches sur le sujet démontrent que ce n’est pas nécessairement le cas.

On découvre que le système nerveux joue un grand rôle dans notre flexibilité et est en fait, le mécanisme qui détermine le plus notre amplitude de mouvements. Alors, plus on arrive à calmer notre système nerveux durant nos étirements (et dans la vie en général) plus le système nerveux envoie des signaux aux muscles leur disant qu’ils peuvent se détendre et s’allonger.

Il y a des récepteurs sensoriels dans les muscles appelés fuseaux neuromusculaires. Les fuseaux neuromusculaires sont sensibles aux mouvements du muscle. Ils fournissent au cerveau des informations sur l’activité et sur la tension du muscle sous forme d’impulsion électrique. Les fuseaux neuromusculaires (FN) favorisent également la contraction du muscle.

Le rôle principal des FN est de voir à la rapidité et à l’élongation d’un muscle. Et quand il va trop loin et trop rapidement, ou les deux, les FN deviennent très excités et le transmettent au système nerveux central (SN). En retour, le SN dit au muscle de se contracter et de ralentir pour ne pas aller trop loin.

Dans les tendons du muscle (les muscles produisent les mouvements et les tendons attachent les muscles aux os), il y a d’autres récepteurs appelés organes tendineux de Golgi (OTG). Le rôle des OTG est de mesurer le stress imposé sur le tendon. Si la quantité de stress ou d’étirement est sécuritaire les OTG signalent au SN que tout est beau, même si les FN eux lui disent que ça va trop loin ou trop vite. Alors, puisque les OTG disent au SN que tout est correct, le SN dit aux muscles de se détendre.

Alors, quand on prend une posture de yoga comme le Janu Sirsasana (posture de la tête au genou), on ressent initialement de la tension et ça tire (ici on parle principalement des ischios jambiers). Les FN de ce groupe musculaire envoie des signaux au SN disant « Minute! Minute! Je pense qu’on va trop loin là! ». Si on reste là sans aller plus loin et on se détend, le SN répond au muscle via les OTG et dit « C’est beau tu n’es pas en danger muscle! Relaxe! ». On ressent alors un relâchement et on arrive à aller plus loin. Si on répète ce même processus à cette nouvelle frontière, on va encore un peu plus loin. On peut le répéter une, deux, même trois fois dans un même étirement. Éventuellement par contre, les cellules musculaires diront « Ok c’est assez! » et les OTG répondront eux aussi en disant la même chose « Tu as raison c’est assez! » et quand cela ce produit on ne peut plus aller plus loin.

Par contre, si on visite cette barrière régulièrement en s’étirant de cette façon, au travers le temps cette barrière va reculer et le corps gagnera de plus en plus d’amplitude de mouvements.

Mais, si en prenant la même posture au lieu d’y aller graduellement comme je viens de décrire, on pousse trop loin et trop rapidement tout d’un coup, les muscles disent au SN « Attends! Attends! Pas si vite! On va se faire mal si on va plus loin! » et le SN nerveux répond via les OTG « C’est vrai, tu as raison il y a trop de tensions alors c’est mieux que tu ne lâches pas! Tiens bon!». Dans cet exemple, on atteint la première frontière et on y reste. On n’arrive pas à aller plus loin. Le plus on pousse notre corps rapidement dans un étirement pour aller le plus loin possible et trop rapidement, le système nerveux se défend. C’est une réaction instinctive de survie pour se protéger du danger. Alors, il met les freins. En bout de ligne, avec cette approche, rien ne change, notre mobilité empire ou pire encore on se blesse.

Notre flexibilité dépend, en grande partie, de notre capacité d’appliquer un stimulus qui n’est pas menaçant pour le SN pour que les muscles se détendent et s’allongent. Quand vous pratiquez vos postures de yoga, allez-y graduellement jusqu’à temps que vous ressentiez une sensation d’étirement ou de résistance. Une fois là, restez là. Gardez votre position, respirez, détendez vos mâchoires et relaxez le plus possible. Permettez-vous de ressentir la tension des muscles tout en vous détendant et en observant les sensations. Vous ressentirez, après une petite période de temps, les muscles s’abandonner et vous pourrez aller plus loin. Une fois plus loin, gardez votre étirement et répétez la même chose. Après quelques minutes vous constaterez que vous ne pourrez pas aller plus loin. Vous avez donc atteint votre pleine amplitude de mouvements.

La flexibilité est importante et s’étirer fait du bien à notre corps. Les postures de yoga qui assouplissent le corps permettent aux articulations de remplir leurs fonctions sans douleur en plus de réduire la tension musculaire et le stress — ce qui a un impact sur tous les systèmes du corps, notre mental et notre bien-être en général. Finalement, laissons tomber l’idée qu’il faut être flexible pour pratiquer le yoga et que le but ultime du yoga est de devenir le plus flexible possible. Misons plutôt sur l’équilibre entre la force et la flexibilité – être hyper flexible peut provoquer d’autres problèmes!